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Xavier Thévenard, le retour inattendu sur la ligne de départ

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Deux bras en l’air, le vent de Besançon comme compagnon, Xavier Thévenard réapprivoise la ligne de départ sans autre ambition que celle de sentir vibrer un dossard sur sa poitrine ; longtemps happé par la brume têtue de la maladie de Lyme, il court aujourd’hui pour la sensation brute d’exister, loin des chronos et des podiums. Sa foulée, fragile mais tenace, raconte ce que recommencer veut dire quand le corps pose ses propres limites : savourer la montagne, partager un bout de sentier entre amis, et prouver que parfois, la vraie réussite se glisse dans la force tranquille des petits retours.

Sur la ligne de départ, personne ne l’attendait plus : Xavier Thévenard brise le silence

Deux bras levés, le regard franc, Xavier Thévenard s’offre au vent de Besançon. On aurait cru à un vrai come-back. Mais ce dimanche, le triple vainqueur de l’UTMB ne cherchait pas à récupérer sa couronne. Après des années plongé dans la brume de la maladie de Lyme, le voilà de retour, pour lui, pour ses amis, pour ce frisson du dossard sur le torse. Personne n’aurait parié revoir ce phénomène sur une ligne de départ. Et vous, que feriez-vous en cas de redémarrage aussi brutal, quand le corps n’en fait plus qu’à sa tête ? Parfois, la promesse du plaisir pur suffit à tout relancer. Ce parcours rare, celui d’un champion discret qui remet du sens dans chaque foulée, montre que tout peut se réinventer, autrement, au présent.

La course contre la montre… et contre son propre corps : quand la maladie remet tout à plat

Impossible de parler de Xavier Thévenard sans évoquer le coup du sort qui a scié ses jambes : Lyme, dans sa version la plus coriace, accrochée à la peau jusqu’à rendre tout différent.D’un coup, toute la vie du champion bascule. La victoire au Trail des Forts de Besançon en 2012 ? Un souvenir presque flou, rangé au fond de la boîte. Depuis 2020, analyses et vigilance rythment son quotidien. L’abandon forcé lors du Lavaredo Ultra Trail ? Cinq semaines plus tard, contre toute attente, un improbable podium à Frison Roche. Quand le souffle fuit, l’énergie elle-même semble vous abandonner. Dans ce grand écart entre une période éclatante et une fatigue qui s’accroche, chaque kilomètre change de sens. Pourtant, l’envie de courir reste là. Même “avec un sacré décalage”, avoue-t-il, la montagne continue d’appeler.

Une grosse sortie de 40 km, deux-trois heures max, je peux le faire maintenant, mais forcément il y a un sacré décalage avec avant.

Un dossard pour le fun, pas pour l’exploit : la nouvelle équation

Dimanche dernier, aucune tentation de scruter le chrono. Le dossard, il le prend, mais pour le partage. Oubliez la chasse aux places. Quatre ans sans compète officielle, et là, le Trail des Forts avait un simple parfum d’amitié retrouvée, d’adaptation aux nouvelles règles du jeu, pour repousser ce sentiment d’exclusion.“Je peux à nouveau mener une vie quasi-normale, mais ça reste hyper compliqué”, lâche-t-il. Son quotidien avance au radar : santé en équilibre, jamais complètement retrouvée. Malgré quelques progrès, chaque sortie reste à négocier, à doser, à accepter comme elle vient.

Réapprendre la course et la vie : l’art d’avancer sans garantie

Quand le corps ne répond plus comme avant, l’esprit apprend à prendre le relais. Chez un sportif de haut niveau, accepter de ralentir va à l’encontre de tous les réflexes. Mais Xavier s’est inventé un nouveau moteur : savourer, transmettre, conjuguer la performance à l’humilité. Fini, les charges excessives d’autrefois. La montagne garde sa place, mais la règle a changé. Désormais, tout passe par l’écoute, par une hygiène de vie millimétrée. Forcer n’a plus la côte. Place à une gratitude nouvelle pour ce que chaque jour permet.

Bon à savoir : Quand la santé tangue, rien ne vaut une routine solide et une vraie attention aux signaux du corps. Votre plus belle victoire pourrait bien se jouer loin des projecteurs.

Remettre un dossard : envie d’un “kiff”, jamais d’une revanche forcée

La fièvre des compétitions, la magie du départ, le frisson du dossard… Impossible d’oublier tout ça. Pourtant, la nuance s’est installée. Un vrai retour ? Pourquoi pas, demain ou dans six mois. Ou tout simplement, le plaisir franc de s’aligner sans arrières-pensées : aucune mission de reconquête, juste ce bonheur simple. Ce nouveau Xavier inspire. Son chemin rappelle que derrière la réussite, il y a souvent une reconstruction à l’abri des regards, parfois bien plus impressionnante que les podiums d’autrefois.

L’élan, même ralenti, reste vivant

En réalité, chaque foulée dessine une victoire différente. Besançon, Frison Roche, l’UTMB : autant d’étapes, mais aussi d’épreuves qui brossent le portrait d’un homme pour qui courir reste profondément intime, loin des exploits retentissants. Courir, avancer, accepter de tout réinventer; voilà une leçon d’endurance qu’on oublie trop souvent. Qui sait où et quand Xavier Thévenard rallumera l’étincelle des grandes compétitions ? Une chose ne change pas : son histoire, pas après pas, continue d’inspirer…

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