À 37 ans, Kilian Jornet s’élance de nouveau sur les sentiers de la Western States, mais ce défi n’a plus tout à fait le même visage : fini le feu des records à tout prix, place à une longévité construite patiemment, comme un artisan qui ajuste chaque pièce de sa mosaïque d’entraînement. Là où la fougue guidait autrefois ses pas, il s’appuie aujourd’hui sur l’écoute, la finesse et une bonne dose de plaisir, retrouvant entre deux montées sauvages cette liberté d’enfant qu’aucun chrono ne dicte. Plutôt que de fuir le temps qui passe, il invente une façon de courir mêlant exploration et gestion, prouvant qu’au fil des années, la course n’a plus tout à voir avec la revanche, mais avec l’aventure à chaque tournant.
Kilian Jornet face au temps : que reste-t-il du prodige quinze ans après ?
Depuis quand n’avez-vous pas vu un champion faire le grand saut… tout en sachant qu’il ne sera plus jamais tout à fait le même ? À 22 ans, Kilian Jornet cassait déjà tous les codes sur les sentiers du mythique Western States. Aujourd’hui, à 37 ans, il revient sur cette course légendaire avec une question brûlante en tête : comment s’entraîner quand la jeunesse s’éloigne, mais que l’envie brûle toujours ?
Ce que vieillir change vraiment pour un ultra-athlète
S’entraîner pour gagner, encore et toujours ? Le jeu se complique, quand les années filent. Kilian n’est plus cet « enfant prodige » qui filait vers des podiums comme si c’était écrit à l’avance. Désormais, chaque séance d’entraînement réclame plus d’écoute, plus de nuances, et surtout, une sacrée dose de patience.La récupération se fait désirer. Les sorties qui, autrefois, ressemblaient à un jeu de piste, deviennent des exercices de gestion : respirer, ralentir quand il le faut, ajuster ses efforts, puis retrouver, au détour d’un sentier, ce plaisir pur de courir pour courir, sans chercher la moindre performance.
Des routines plus malignes, moins mécaniques
Le temps des « foncer tête baissée » tous les jours semble révolu. Kilian préfère explorer, ajuster, moduler. L’idée ? Rester solide, tout en évitant la casse. Génétiquement grimpeur, il continue d’aller chercher l’endurance en montagne. Mais le trail, aujourd’hui, fait la part belle aux variations, aux pauses malicieuses, à l’attention portée au moindre signe de fatigue.
Conseil de pro : « Passé un certain cap, écouter les signaux du corps devient la règle absolue. Adapter l’intensité, c’est souvent la clé pour progresser sans se brûler les ailes. »
Le plaisir, l’autre secret de la longévité sportive
Exit la pression brute des chronos. Ce qui amuse Kilian, il l’intègre au cœur de ses entraînements. Retrouver la sensation de liberté, gravir un sommet pour soi, et savourer chaque instant sans forcer le trait en exploit héroïque.Sa routine ne ressemble ni à une recette toute faite, ni à un plan trop rigide. Tout paraît fonctionner comme une mosaïque : quelques kilomètres sauvages, un soupçon de records, et surtout, l’envie de préserver le goût d’aller voir ailleurs.
- Traversées XXL dans les Pyrénées pour le plaisir de nouveaux terrains,
- Montées et descentes au rythme des changements de saisons,
- Et bien sûr, ce côté joueur qui subsiste, même quand la foule s’éloigne.
Regarder plus haut, différemment
Qu’est-ce qui continue de faire avancer Kilian Jornet, quinze ans après ses premières victoires ? Probablement cette envie farouche de tracer son propre chemin — ni en vétéran résigné, ni en champion sur le déclin. La Western States ne rime plus avec revanche, mais symbolise un rendez-vous avec une autre version de l’ultra-trail : celle qui ose revoir ses rêves pour ne jamais renoncer au goût de l’aventure.Encore aujourd’hui, la montagne transmet ce que les chronos n’indiquent jamais : apprendre à s’adapter, à évoluer, à rester soi-même. Ce premier épisode du documentaire promet d’ouvrir la porte sur les coulisses d’un champion qui refuse de céder à la lassitude, comme à la nostalgie. Prêt à changer de tempo ?