Quand la montagne s’enflamme sous l’effet d’un chrono, tout un univers vibre : skis ou baskets aux pieds, chaque record s’envisage comme un duel de funambules, une corde tendue entre défi physique et légende à écrire. Védrines a repoussé les limites à ski, là où Jornet fonçait sur le même itinéraire en trail, et chacun imprime son style dans la neige ou sur la roche. Impossible de s’y tromper tant le souffle, le poids du sac ou la nervosité du terrain modifient la donne. Derrière ces records, bien plus que quelques minutes arrachées : c’est un jeu d’équilibre face à l’imprévu, chaque exploit rendant hommage aux pionniers et appelant, toujours, à rêver plus haut.
Un chrono qui met la montagne en ébullition
En moins de cinq heures aller-retour entre Chamonix et le sommet du mont Blanc, Benjamin Védrines a frappé fort. Ce samedi, skis aux pieds, il pousse la limite trois précieuses minutes plus loin que le légendaire temps de Kilian Jornet, bouclant ce parcours exigeant. Exploit d’endurance ou véritable feuilleton sportif ? Les comparaisons affluent. Peut-on vraiment mettre côte à côte deux records, deux styles, deux histoires ? Où se cache la magie d’une telle performance au sommet des Alpes ?
Records : duel de légendes, mais pas d’égal à égal
Deux hommes, deux mondes. Même distance : le sommet du Mont Blanc, puis retour sur terre, avec le départ symbolique devant l’église de Chamonix. Pour autant, Benjamin Védrines vit cette aventure à skis, alors que Kilian Jornet l’avait avalée en trail, engagé seulement sur ses foulées.
Un point de départ identique, deux approches radicalement différentes
À Chamonix, la façade de l’église sert de ligne de départ. Après ça, l’histoire tourne vite à la casse-tête technique. Sur les skis, chaque pas devient plus lourd, la montée s’allonge, le souffle raccourcit. « Forcément plus lent », admet Védrines, tout en précisant : « à la descente, tout change ; ce qu’on perd à pied, on le regagne sur les skis ».
Le poids de l’équipement, la nervosité du sentier
Même montagne, effort totalement différent. Côté trail, le rythme à la montée impressionne, mais la descente devient éreintante sur les cailloux ou la neige dure. Pour le skieur, la montée exige davantage, mais tout s’accélère lors de la longue glissade du retour.
| Discipline | Montée | Descente |
|---|---|---|
| Ski-Alpinisme | Lente et lourde | Express, contrôlée si la neige tient |
| Trail | Rapide, fluide | Pénalisante, risquée |
L’éternelle question : ski et trail peuvent-ils vraiment se comparer ?
Pour Védrines, « ce sont les jambes qui parlent », mais chaque discipline garde son identité. Viser un record à ski, c’était avant tout tenter de battre Jack Kuenzle, détenteur précédent sur ce format, avant même de rêver égaler Kilian, le « GOAT » du trail.
Astuce de montagnard : « Mieux vaut bien se renseigner sur la discipline du record (ski, trail, mixte) avant de comparer – chaque format impose ses règles, ses gains, ses limites. »
Au cœur de la perf : imprévus et mental d’acier
Ce record d’altitude s’est bâti sans mois de préparation minutieuse. Expé en Alaska annulée, opportunité saisie au vol : Védrines s’élance « sans pression, mais avec l’envie de frapper un grand coup ». Là-haut, la météo joue les arbitres. Un col de la Brenva plus accueillant, une trace qui file droit, la tête qui doit tenir jusqu’au bout.
Des risques partout : la montagne ne fait pas de cadeaux
Un mauvais appui, quelques kilos de trop, une fatigue mal gérée… Sur le mont Blanc, même les meilleurs flirtent avec leurs limites. Mathéo Jacquemoud, star à skis comme à pied, en fait l’expérience : terminer dans une crevasse, ça arrive, même aux plus aguerris. Les efforts se paient comptant, et la moindre erreur coûte parfois bien plus que quelques minutes.
Repousser la limite, mais respecter le jeu
Qu’est-ce qui fait vibrer autour de ces records ? Cette envie de s’inscrire dans la lignée, d’entretenir l’esprit d’émulation. Quand Védrines franchit la ligne, il n’enregistre pas seulement un chrono : il dédie sa performance à tous ceux qui ont ouvert la voie et à ceux qui oseront un jour relever ce même défi, chaussé de skis, de baskets ou d’un nouvel outil technique.
Une vallée déjà en ébullition
Dans la communauté montagne, chaque record construit bien plus qu’un palmarès. Il laisse un récit derrière chaque aller-retour express : un exploit, mais aussi un clin d’œil à la fraternité – et à la rivalité – entre chasseurs d’impossible.
Qui viendra marquer le prochain coup ? L’histoire reste à écrire, guidée par la passion, l’audace et cette part d’imprévu qui transforme chaque record en une veillée autour d’un futur feu de camp.