Sur les pentes glacées du mont Blanc, les records s’échangent à toute vitesse, comme si chacun voulait graver son nom avant même que l’écho se soit dissipé. À peine le temps de saluer une prouesse, un autre chrono surgit, mené tambour battant par un nouvel aventurier. Ce printemps, William Boffelli vient de balayer la marque de Benjamin Védrines avec un aller-retour à ski qui laisse tout le monde pantois. Dans ce théâtre d’altitude, chaque minute gagnée provoque un silence admiratif. Ici, personne ne patiente sagement pour viser plus haut — la montagne aime ceux qui osent marcher sur les pas des géants, sans attendre la saison suivante.
William Boffelli : la course contre le record, et le temps qui file
Vous imaginez que les records dorment tranquilles pendant des années ? Parfois, une simple semaine suffit à les voir s’envoler. Entre deux rêves d’alpinistes sur les pentes célèbres du mont Blanc, William Boffelli a signé samedi un aller-retour à ski qui entre directement dans l’histoire. La victoire de Benjamin Védrines venait à peine d’être fêtée, déjà reléguée au souvenir. Faut-il y voir un exploit isolé ? Ou la marque d’une époque qui n’aime plus attendre ? Les passions s’allument dès que le chrono frémit.
Un défi devenu obsession : la chasse au chrono sur le mont Blanc
Immédiatement, le mont Blanc s’impose comme l’obsession de tous. Peu importe l’expérience, l’ascension incarne ce test ultime : le terrain, le froid, l’effort — rien n’échappe à la montagne. Depuis plusieurs décennies, le mythe Chamonix – sommet – Chamonix s’est installé comme une quête d’absolu. Au printemps, la scène se répète : les plus rapides se lancent, affrontant aussi bien le mythe que les chiffres. Ce printemps, l’Italien William Boffelli a franchi la ligne invisible qui sépare la performance du légendaire.
Le record qui s’échappe, minute par minute
À quoi ressemble une telle course ? Encore nuit, départ à l’église de Chamonix, baskets enroulées autour des chevilles, skis fixés au sac à dos. Très vite les premiers virages, puis la montée — toujours plus raide. Ce samedi, Boffelli avale l’aller-retour en 4 h 43 min 24 s, reléguant les 4 h 54 min 41 s de Védrines au passé… juste une semaine après l’exploit français ! Gagner onze minutes alors que chaque seconde semble déjà précieuse, voilà de quoi laisser sans voix, jusque chez les anciens recordmen.
Des chiffres qui parlent et un rêve accompli
Cette chevauchée folle, c’est :
- 32,43 kilomètres avalés sans lever le pied
- 3 732 mètres de dénivelé positif dévorés sans détour
- Un aller en moins de quatre heures, retour à Chamonix en mode éclair
C’était un rêve pour moi, lâche Boffelli, essoufflé mais droit dans ses bottes. À 32 ans, il savait bien que la fenêtre n’allait pas s’éterniser. Plus les jours avancent, moins la montagne pardonne. En voyant le record de Védrines, fraîchement posé la semaine précédente, il a misé son rêve sur le timing parfait.
Inspiration et respect : l’alchimie unique des alpinistes
Qu’est-ce qui pousse à tenter l’impossible là où un autre vient d’écrire son nom ? C’est l’émulation, cette envie de relever le défi sans enterrer l’admiration. Védrines n’a pas tardé à applaudir la réussite de Boffelli d’un « Magnifique !!! Congrats William, impressive ». Kilian Jornet, toujours intouchable sur la course à pied, a réagi par un sobre « Grandissimo !! ». Dans ce cercle d’élite, la rivalité attise l’inspiration au lieu de la détruire. Un record cassé devient l’étincelle qui permet au suivant de se lancer.Le jour même de son exploit, William publie sa trace GPS sur Instagram. Pas de polémique, juste le plaisir de partager. Peut-être même l’envie de donner des idées à un prochain challenger. Et l’histoire continue.
Le détail qui change tout
Record battu, la question reste : sur quel fil repose la victoire ? L’œil exercé surprend vite la différence. Préparation millimétrée, matériel allégé au maximum, gestion parfaite de l’effort dans chaque portion. Boffelli a su viser la fenêtre où la météo, la neige, le vent, le mental — tout se trouvait aligné. Dans ce genre de quête, l’improvisation n’a simplement pas droit de cité.
Le conseil du pro : « Ciblez autant la météo que votre forme du jour. L’ascension rapide du mont Blanc, c’est 50 % d’entraînement, 50 % de bon timing. »
Et après ? Le sommet déjà prêt pour le prochain duel
Impossible de croire que le record de Védrines resterait intact pendant des mois. Pour cette génération de skieurs-alpinistes, le mouvement fait partie du quotidien. Les traces se croisent, s’effacent, se renouvellent. Chacun écrit un nouveau chapitre dès que la météo s’y prête ou qu’un rêveur se sent prêt.Bientôt, le prochain tentera d’effacer ce chrono : un Français, un Italien, ou pourquoi pas une Française, séduite par le volcan des records ? Au printemps, Chamonix vibre dès l’aube sous les rayons des frontales. D’ici là, la montagne reste indifférente à la course des secondes. Mais pour celles et ceux qui l’affrontent, chaque minute emportée vaut comme une victoire sur le temps lui-même.