Sur la plage de Hermosa Beach, lorsque le soleil flirte avec l’horizon, Frank Paine, un vrai personnage au style cowboy, glisse sur l’eau avec la détermination de ceux qui ont connu la tempête. À 75 ans, il a traversé des batailles intérieures que seule la mer arrive à calmer. Sa peur – l’agoraphobie, cette furie imprévisible – s’est heurtée à la chaleur d’une communauté bienveillante, toujours prête à tendre la main autour d’une planche. Pas besoin de cacher ses failles par ici : l’entraide circule comme une vague qui ne laisse personne sur le bord, et au creux du collectif, le bonheur retrouve enfin sa place, simple et authentique.
Un cowboy sur la vague : et si le bonheur traînait au bout de la planche ?
Plage de Hermosa Beach, Californie, lumière rasante sur le sable. Un homme à la moustache épaisse, silhouette trapue, captive les regards. Frank Paine, 75 ans, n’a rien d’un surfeur version carte postale, bronzage doré et sourire ultra-bright. Pourtant, tout tourne autour de lui dans le documentaire coup de poing To Be Frank. Pourquoi ce choix ? Sous ses airs de vieux baroudeur, Frank garde un secret : toute sa vie, les vagues l’ont sauvé… d’une prison invisible.
Un combat silencieux, loin du sable doré
La mer, parfois, porte le goût amer de la peur. “Une crise, c’est comme une attaque cardiaque”, glisse Frank. Visage engourdi, cœur affolé, mains qui picotent… La vie s’arrête net. L’agoraphobie, voilà le mot qu’il traîne, empêchant un aller simple vers l’ailleurs, limitant toutes les envies de voyage, d’aventure, de déambulation dans la ville. La panique déboule n’importe où. Même sur l’autoroute, loin du sable salvateur. Petit à petit, son monde rapetisse. Anticiper le moindre déplacement le bloque, la journée devient intenable à la simple idée de sortir. Comment faire quand la porte d’entrée ressemble à un mur infranchissable ?
Un quotidien miné par l’angoisse
Impossible de compter sur la seule volonté pour ouvrir la porte. Se répéter inlassablement « ça va aller » n’y change rien. Frank préfère esquiver les escapades, mettre de côté New York et tous ses rêves qui restent en suspension. Reste la mer. Elle ne juge pas et offre toujours une échappée. Devant la première vague, l’angoisse se dissout, l’appel du large remplace les peurs.
Le surf comme bouée de sauvetage : renaissance à Hermosa Beach
Un détail finit par faire basculer les choses : la force du collectif. Sur la plage, tout le monde a droit à sa place. Fini les regards en coin ou la chasse à la performance. Ici, ce qui pèse c’est l’authenticité, l’entraide, ces repères qu’on construit à plusieurs. Les copains surfeurs veillent, sans juger : “Viens, à Santa Barbara, c’est juste une heure et demie. Rien ne presse, on y va à notre rythme.” Une sorte de pacte tacite : veiller les uns sur les autres, faire front contre la peur, épaule contre épaule.
De la peur à la transmission : donner du sens
Les années s’égrènent. Frank prend du galon : il devient assistant entraîneur au lycée de Redondo, retour sur ses terres, entouré de jeunes. Le temps a filé, les rêves ont vieilli, mais chaque matin il pousse sans trembler la porte de la plage. Son pas s’affermit, il avance devant ceux qui connaissent ses fragilités… et sa nouvelle force.Aucune fiction ici : s’ouvrir au collectif peut tout changer, vraiment.
Se confier, c’est parfois le premier pas. « Dire simplement : ‘Là, ça ne va pas’ ouvre souvent la porte que la peur voulait garder fermée. »
Une culture surf : plus humaine, plus chaleureuse
À travers Frank, To Be Frank renverse les clichés sur le surf californien. Moins stars, plus fragilités assumées. Place à la solidarité, à ce sentiment d’appartenance qui unit sur la planche. Ici, la peur ne se cache plus : on apprend à la surfer ensemble. La victoire de Frank, c’est aussi celle de tous ceux qui acceptent de tendre la main. Sur le sable ou dans l’eau, il existe bel et bien ces poches de bienveillance, capables de changer toute l’histoire.
Et si le bonheur se nichait dans l’entraide ?
Frank Paine, silhouette à la Clint Eastwood, montre un autre visage de la liberté. Peu importe les bosses, les différences, le nombre d’années au compteur. La plage, ce terrain sans filtre, continue d’offrir à chacun la liberté de choisir le jour où affronter – ou apprivoiser – les tempêtes du passé.Derrière chaque vague, une victoire. Derrière chaque sourire partagé, une promesse : celle d’avancer ensemble, un peu plus fort à chaque fois.